Mémoire sur la pollution aérienne autour de l'incinérateur de Melun Val de Seine
Publié le 1 Septembre 2023
Résumé:
Dès sa création l'usine d'incinération d'ordures ménagère (UIOM) de Melun Val de Seine située en zone urbaine a été équipée à la demande des associations de capteurs de retombée de pollution dans l'environnement proche.
Nos demandes de capteurs temps réel n'ont pas été toutes satisfaites, seuls des capteurs mesurant en temps différé les retombées au sol ont été installés. Dès qu'une génération de capteurs fiables à coût abordable de particules fines a été disponible, nous avons entouré l'UIOM d'un ensemble de stations de mesures dans l'environnement proche et une station de référence distante. Ce dispositif complète, poour les particules fines, l'instrumentation du site composée de capteurs de polluants (métaux lourds, dioxines) sous forme de poussières "sédimentables" par accumulation: jauges Owen, bryophytes, Ray-Grass.
Nous montrons que, si la pollution des incinérateurs par les poussières sédimentables passant par la voie digestive est bien connue, surtout pour les dioxine et PCB, il existe une autre voie de contamination largement ignorée par voie aérienne et respiratoire qui n'était pas couverte et qui, de par la composition chimique des particules fines spécifique à l'incinération, est certainement plus dangereuse que la pollution automobile aérienne et de ce fait mérite une attention accrue des pouvoirs publics.
Ces mesures permettent en outre par les résultats obtenus en temps réel de jouer un rôle opératif en envoyant des alertes par sms à un public abonné lors de pollution importantes ce qui lui permet d'adapter son activité physique dans ces périodes.
Nous montrons en outre que les effets de la pollution sur l'environnement proche ont un caractère fortement saisonnier, beaucoup plus important pendant les mois d'hiver, ce qui offre des perspectives de pilotage intéressantes. Un examen attentif des résultats des mesures de retombées au sol par jauges Owen sur plusieurs années montre que les quantités déposées présentent également une variation saisonnière importante bien que la quantification ne soit faite qu'avec une résolution temporelle très faible, de l'ordre du semestre. Pour certains éléments, la pollution déposée durant le semestre d'hiver est en moyenne 3 fois plus forte que celle déposée durant le semestre d'été.
Les résultats obtenus suggèrent fortement que l'impact de pollution sur l'environnement proche se situe principalement pendant la période hivernale et particulièrement pendant les épisodes météorologiques anticycloniques avec inversion du profil de température en altitude (AIT). Il touche dès lors de manière égale toute la zone sur une surface sensiblement circulaire centrée sur l’usine. La théorie courante de zones particulières soumises à la pollution par les vents dominants est remise en cause.
Enfin, nous montrons que les données de particules fines recueillies peuvent servir à identifier la source d’émission de la pollution.
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